Depuis loin, le mensuel régional marseillais Le Ravi ravit lectrices et lecteurs en publiant, non seulement, des enquêtes documentées. Mais aussi et surtout en cultivant une vilaine habitude française : le sarcasme.

Ainsi, sous la forme de caricatures et de dessins de presse, le canard phocéen est l’un des seuls en terres provençales à gratter là où ça démange.

Ravi de vous revoir…

Et, en cette nouvelle belle année pandémique, les journalistes ont choisi de s’intéresser à la santé. Et même si l’on peut, parfois, au détour d’un jeu de mots trouver que le compte n’y est pas, il n’en reste pas moins que le dossier est riche et fouillé.

On lira notamment, avec les dents qui grincent, les reportages réalisés dans les quartiers pauvres marseillais. Qu’il s’agisse d’accès aux soins ou de surmortalité, certains payent plus que d’autres leur tribut à la misère.

Marseille, au nord, la poussière…

À ce propos, les habitant-es du grand saint Barthélémy, dans les 13e et 14e arrondissements de Marseille, sont particulièrement bien lotis. Depuis 20 ans, de Font Vert aux Iris, ils respirent toutes les poussières que produisent les interminables travaux de « rénovation » du quartier.

Et l’article consacré à La Busserine par Frédéric Legrand est, de ce point de vue, tristement édifiant. Car bien au-delà des trafics de shit, désormais plus classiques qu’un Pagnol, le quotidien des habitant-es est soumis à toutes les pollutions. Sans que cela ne paraisse émouvoir, outre mesure, aucune des institutions qui en ont la charge.

Outre ce dossier spécial, le papier que Simon Fonvieille consacre aux « Naufragés invisibles » est une lecture obligatoire. Le reporter revient sur la disparition en Méditerranée, en février 2020 de 91 migrants. Pour son portrait de Mohamed Saber, jeune poète Soudanais de 19 ans réfugié à Toulon, le journaliste a choisi la description sobre et clinique d’un parcours glaçant.

Enfin, pour clore le tour d’horizon, on pourra partager le portrait mordant du nouveau maire non élu par les électrices et électeurs marseillais.es, le socialiste Benoit Payan. Celui derrière qui le Printemps Marseillais* avait refusé de se ranger a donc fini par se lover dans le fauteuil de 1er magistrat.

Comme quoi, quelque soit le printemps, enracinées dans le terreau plombé des petits arrangements entre amis, les fleurs peuvent faner avant même que d’éclore.

Léo Sara

*Le Printemps Marseillais est le mouvement qui a porté Michèle Rubirola, élue maire de Marseille. Laquelle a choisi de se retirer, cédant le fauteuil à un jeune vieux de la rose politique locale.