S’il est bien un domaine dans lequel la politique des États-Unis ne semble pas devoir évoluer sous la présidence Biden, c’est bien le traitement des relations avec l’État d’Israël.

Les deux pays ont, en effet, rejeté la décision prise par la Cour Pénale Internationale de se déclarer compétente pour l’ouverture d’une enquête contre l’État hébreux pour crimes de guerre dans les Territoires Occupés de Cisjordanie ainsi que dans la bande de Gaza.

Notamment concernant les actions et probables exactions commises lors du siège de la bande côtière en 2014.

Il faudra sans doute également étudier de près la façon dont Israël, montré en exemple pour la campagne de vaccinations anti Covid19 de sa population, interfère ou non dans celle destinée à protéger les Palestinien-nes de Cisjordanie occupée. Et de Gaza.

ACCÈS SOUS CONTRÔLE

Il faut rappeler que les accès aux villes et villages de Cisjordanie occupée, tout comme aux populations de la bande de Gaza, sont intégralement soumis au bon vouloir et décisions des autorités israéliennes.

Aucun convoi, fut-il médical, n’accède aux populations sans l’aval des Israéliens. Ce qui a pour conséquence directe, comme le précisait en janvier dernier des représentants de Médecins sans frontières au journal Ouest France que nombre de villages des Territoires Occupés de Cisjordanie n’ont plus reçu la visite d’un médecin depuis un an. Les centres médicaux ambulants ne pouvant pas s’y rendre.

Pour l’heure, une première livraison de 5000 doses du vaccin russe est parvenue en Cisjordanie Occupée. Elle devra être partagée avec les Palestinien-nes de Gaza.

Il s’agit pourtant là d’une réponse bien en deçà des besoins réels pour une population de plus de 4 millions d’habitants. L’Autorité Palestinienne affirme que 4,5 millions de doses seront livrées en février.

ÉLECTIONS À HAUTS RISQUES

Dans tous les cas de figure, la décision finale reviendra aux seules autorités israéliennes. Laisser ou non les livraisons se dérouler relève et relèvera donc de leur unique responsabilité.

Et l’ambiance pré-électorale qui agite le quotidien d’Israël pèsera certainement sur la nature des positions et décisions d’un premier ministre, Benjamin Netanyahu, qui devra nécessairement composé avec les franges les plus extrêmes de son parti, le Likud, comme des membres de la coalition bancale qu’il dirige et qui n’aspire qu’à le renverser.

C’est dans ce contexte qu’intervient la décision de la Cour Pénale Internationale. Si elle ne se concentre, à ce jour, que sur les anciens crimes de guerre présumés des Israéliens, elle laisse cependant à penser que d’autres aspects de la politique israélienne en Territoires Occupés pourraient faire l’objet d’une saisine future.

Il est important, de ce point de vue, de rappeler que la Quatrième Convention de Genève, signée en 1950, traite des protections humanitaires dûes aux civils dans les zones de guerre, de conflit non déclaré ou en cas d’occupation.

LA CONVENTION QUI S’IMPOSE

Bien que jamais ratifiée par l’État Hébreux cette IVe convention (comme l’ensemble des Conventions de Genève), s’impose aussi aux non signataires. Comme le précise la décision rendue en 1993 par le Conseil de Sécurité de l’ONU, suite à l’adoption d’un rapport du Secrétaire Général, l’Égyptien Boutros Boutros-Ghali, et d’une commission d’experts.

Selon l’article 56 de ladite Convention relatif aux obligations de la puissance occupante en matière d’hygiène et de santé publique : « … la Puissance occupante a le devoir d’assurer et de maintenir, avec la coopération des autorités nationales et locales, les établissements et services médicaux et hospitaliers, la santé publique et l’hygiène dans le territoire occupé, notamment en référence à l’adoption et à l’application des mesures prophylactiques et préventives nécessaires pour lutter contre la propagation des maladies contagieuses et des épidémies… »

Ce qui est à double titre, et précisément, le cas de la Cisjordanie. Laquelle est, d’une part, occupée par Israël et, d’autre part, soumise à la pandémie de Covid19.

Concernant Gaza, qui n’est plus stricto sensu occupée par Israël, il faut quand même considérer que les routes terrestres et maritimes sont entièrement sous contrôle israélien. Dès lors, la délivrance ou non des traitements médicaux indispensables à enrayer la pandémie de Covid19 dans ce territoire soumis au plus strict blocus relève, là encore, des autorités et décisions politiques israéliennes.

DE LA PAROLE AUX ACTES

Quelque soit l’issue des élections de mars prochain pour le renouvellement de la Knesset, le parlement israélien, le sort réservé aux Palestinien-nes dans le traitement de la pandémie de Covid19 ne pourra être ignoré par la communauté internationale. Et moins encore par les États-Unis de Joseph Biden.

Le 46e président étatsunien n’a-t-il pas déclaré : « Nous devons prouver au monde que les Etats-Unis sont prêts à diriger le monde à nouveau, non seulement avec l’exemple de notre puissance, mais aussi la puissance de notre exemple »?

Outre que la déclaration vaut son pesant de suprémasisme prétentieux, il est temps de passer de la parole aux actes. Et de rappeler aux Israéliens leurs devoirs à l’égard du peuple palestinien dont ils occupent les terres depuis plus de 50 ans et l’établissement, en 1967, de Kfar Etzion, le premier kibboutz, la première colonie juive en Palestine.

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