Dans le cadre de la langue tombée du iel, le choix a été d’ajouter un Z à la fin des mots plutôt que de s’emboucaner à tiretter, en veux-tu en voilà, pour dire que c’est de l’Humanité. Pas le canard, hein. De l’Humanité, avec de la viande sur du sac d’os
Demain, enfin façon de parler, on enfilera les urnes de papelards à faces figées façon : « ayez confiance, je suis là ». Et iel qui ramassera la mise prendra le manche pour cinq piges.
Dans la perspective, et pour s’adresser à ses contemporainZ, on s’dit faut bien commencer quelque part. Les greluches, les gonzes, les trimardZs, les poilZs dans la louche, les képiZ, les giletZ jaunes, les crève la dalle, les pleinZs aux as, les pandémiéZ, les… On s’en tape. Faut juste se dire, bon, allez on commence par ces ceusses là.

Ainsi, pour lancer l’opération, j’ai choisi la volaille, les condéZs, la flicaille, les dekZs, les schmitZs, les bourreZs, les cogneZs, les policierZs… Pourquoi? À cause du 1er tonfa dans ta mouille de l’ère « HeyManu rentre chez toi, tu fouts des larmes pleins nos bières…» (presque dixit Renaud – 5 sur toi vieux gars).

Parceque ce sont les ceusses qu’ont charbonné les premierZs. Et quand je dis « bières », je parle des trucs à planches où on range les clamsés, hein. Pas de la pisse au houblon.

Burp…

Ça se passait à Bure, dans la cambrousse mosellane, à l’est de l’hexagone. Une troupe d’enragéZs la ramenait en beuglant : «  Merde! Non! Y’a pas moyen. On veut pas des déchets nucléaires crevards pour 100 000 ans, enfouis dans nos jardins ».

Une petite troicentaine de pecnaudZs ont donc pris poussettes, viocardZs, marmaille… Bref tout ce qui se faisait de viande à pattes pour aller ragasser un brin. Et les v’là-t’y pas en route pour démonter la République.

100 000 ans. Faut avouer, ça fait un bout. Surtout que c’est tenace ces machins là. T’as beau raconter que : « T’inquiète, j’maîtrise »… Au bout du champ, dans la marre aux tétardZs, t’as quand même des grenouilles à 3 yeux et des chicots sur le râble des souris.

Et puis, dans 100 000 ans, va t’rappeler où qu’tu les as planqué, toi, ces foutus bâtons?

Bref, reste que 300 péloZs en poussettes et déambulateurs, ça fout quand même les j’tons. Du coup, ben, le HeyManu rentre chez toi etc, il a dit :« On discute pas. On asperge ». Et toc, v’là que les condéZs déboulent bottéZs casquéZs comme pour dégommer de la ceinture emplastiquée. Et, crosse à l’épaule, y défouraillent.

Les familles chialent comme des matins bretons. Pas tant que le temps les rendent tristounetZs, mais la lacrymo a cet étrange pouvoir de te tirer le sel liquéfié des carreaux. Bon, cela dit, faut pas non plus faire comme si c’était NagasaBure. Un pied arraché et des perquisitions pour associations de malfaiteurZs, c’est pas non plus le boule refait à la matraque. On sait s’tenir.

La volaille, le doigt sur la couture et puis sur la gâchette, elle fait juste où on lui dit de faire. Tronches de niardZs ou faces d’ancêtres, fallait pas chercher.

Revenons donc à nos moutons. Alors pourquoi les schmidtZs d’abord? Parce qu’ils faut bien commencer queq’part, comme déjà dit, et qu’en plus, y’a pas, le grillagé bleu nuit, c’est joli.

Pi faut dire que « dans toutes les situations, sans inhibition » (simer les IAM…), quand tu leur dis: « Allume ». Iels allument.

Bien, donc, on va leur poser quelques questions pour voir si iels entravent bien en quoi que tous les « HeyManu rentre chez toi », iels les transforme sur les trottoirs de l’Histoire.

Alors, dis moi, pouletZs, tu connais un certain Maurice? Maurice? Allez un petit effort… Un ancien boss? Le mec a envoyé quelques milliers d’étoilesjaunéZs au four? Chef du train du Bordeaux-Drancy-Auschwitz? Non, toujours rien qui gigote? Bon, tant pis, continuons.

Comme il avait encore les crocs, le gars, il a dit à les ceusses d’avant vous, eux-mêmes déjà bien bottécasquéZs, en gros : «  C’est à vous mes joliZs volaillonZs que revient l’honneur de servir la patrie qu’elle a sa vie entre vos gants cloutés. Balancez-moi ces rats de basanéZs à la baille! Allez, zieg, au trot».

Là, ça y’est? Non, nib? Putain, sérieux? Rien? Ça craint. Et dire qu’iels ont soit disant le certificat d’études plus que les pouilleuZs du quartier. Mouais…

Bon, c’est pas grave, allez mes petitZs cognes, c’est cadeau. Maurice. Maurice Papon. Et pas Pimpon, toquardZs. Ça c’est après. Quand vous avez bien fait le taf, que ça vient. Pour le filet sur la carafe et le mercurochrome sur les nez rentrés dans le gosier.

Donc, le gars Papon, il a pas commencé sur le plancher. Plus de 4000 fils d’Abraham (comme papy; putain, la classe) livrés comme des bretzels aux gammés, ça pose quand même un peu son enculé. Et quand les franginZs coloniaux, stalino-roosvelto-churchilo-gaullo etc leur ont déboîté le coffrage aux casques à pointe, fallait reconstruite le bleu blanc rouge…

Alors le gars de Colombey y s’est ramené avec une croix de Lorraine dans la fouille. Et il s’a demandé comment faire?

« Putain, chui mal. Y’a que des traiteZs et des rougeZs dans ce gourbi », qu’il a pensé par de vers lui.

Sans réserver de chiens à ses chienZs, il a demandé à des têtes d’ampoule : « Bon, les Maurice, on fait quoi? ». Et, en têtes pointues, tous y z’y ont dit : « Ah, merde. Tant pis. On fait avec… On collabore avec les collaboches».

C’est ainsi que te voilà avec Papon au bal de l’ambrassadeur des foules, sur le balcon de l’Hôtel de Ville.

« – Et sinon, pour les nez crochuZs? On fait quoi? » qu’auraient demandé des ceusses qu’avaient mis la pâté aux felds.
« – Ta gueule, mauvaiZs françaiZs. Faut r’construire, qu’on t’a dit. Et on a besoin de tronches. »

Bon… Bein… Ho, la famille Veldhivberg, on se magne un peu le train, on plie les costards rayés, on planque ses tatoos, et on va ramasser la peau de ses niardZs sur les abats-jour des friséZs. Comme ça, comme on disait quand on était môme : « Ça f’ra toujours ça d’moins qu’les Boches auront pas ».

En tout cas, le Papon comme punition, après ses opérations ferroviaires, dans « Paris outragé, Paris humilié, mais Paris libéré tsoin, tsoin », il a eu… Une Préfecture.

Hey ouais, si tu veux du galon doré sur le képi, tu tends le bras bien haut, raide comme la justice de la Libération et tu entonnes le nouvel hymne à la joie du moustachu d’Berchtesgaden : « tchik à tchik à tchik tchik, heil heil heil »…

Faut avouer que Maurice, il avait bien marné. Alors comme avaient écrit ses potos à tête de mort sur la gapette, à l’entrée du camping où s’arrêtait les wagons bordelais : « Arbeit macht frei ». Le travail rend libre. La preuve.

Si bien que 17 ans plus tard, en 1962, léger comme un pinson et libre comme un vent, le Papounet à son HerGénéral-à-la-Croix-de-Lorraine, il a remis le couvert. Mais bon, faut r’connaitre. Le gars il s’en battait les flancs de l’origine mal française des macchabéZs.

Résultat de la bamboche? Sa flicaille, hé oui encore toi ma bleusaille, a balancé dans la Seine, quelques centaines de foulamerde-couscous-c’est-bon-comme-là-bas-dis venuZs de la colonie tri-départementale, ronquer sur le sol des casbah tôle-terre battue et gogues dans tes rêves, pour construire les cages à lapin en gris béton de la France des moyenZs réclamant leurs 30 glorieuses. BoursouffléZs de Paris Turf et de fers électriques.

Et, son HerGénéral-à-la-Croix-de-Lorraine, capo des capi, il a dit quoi?
« Je vous ai compris ». Mais pas aux basanéZs. Ces ceusses là, un peu noyéZs, avec leurs ventres arrondis comme des outres, iels jouaient toujours les ronchonZs en se la pétant dures de la feuille.

Fin limier et prévoyant comme un pécore, son HerGénéral-à-la-Croix-de-Lorraine, à Maurice, il lui a demandé : « Bon, à part les sûrs d’eux-mêmes et dominateurs… Tu connais les cocos? Parce que, après le jaune et le bronzé, mon MauMau, t’as le rouge vif. Et là… Donc, ceux-là va falloir m’en décaniller une paire. Tu t’sens? T’as encore ta milice? ».

« Ouarf » qu’il a répondu le préfet en remuant sa queue de pie. Trois fois, qu’il l’a répété même, dit-on, dans les cercles bien introduits…

Re-rebelotte… Et huit de mieux dans la sciure. Mais comme on dit, hein. Jamais deux sans trois. Alors, après de tels faits d’armes, la Préfecture, ça commençait quand même à sentir un chouïa sa loge à bignolle.

Donc, comme chez nous on a l’art de la table et qu’on sait recevoir, on lui a dressé son couvert chez le rejeton d’un grand gousier, dont le blase ressemble quand même à une spécialité des montagnes : Giscard de la Tour Fondue… Et les ceusses qui se marrent, iels ont droit à une tarte au frogome sur le museau. Parce que le niard, tout sec à peu de cheveux dont un sur la langue qu’il était, il a fini président de la France, avant de sauter sur Kolweizi et de s’ébrécher l’pot avec du diamant caincain mal ciselé.

Ministre, qu’il a pris, comme numéro d’écrou le Maurice.

Bon, cela dit faut être honnête, en 1998, alors que ZZ doublait sa tête de fils de noyéZs pour coupe monder sa tricolore, Papon a été rattrapé par la patrouille. Cause qu’iels auraient plus trop été en âge de lui filer le train, c’est pas exactement la même que celle qu’il avait envoyé chez les étoilés de Bordeaux, de milice, qu’on lui a collé aux miches…

Pas grave. Avant d’être condamné, Maurice, blanc comme un linceul et légèrement toussoteux, est remis en liberté pendant son procès. Et il prend la tangente. Direction le pays à croix blanche sur fond rouge. On va finir par croire qu’il en croque pour les croix, l’vicelard.

Toujours est il qu’il prendra 10 piges pour complicité de crimes contre l’Humanité. Mais sera acquitté pour des tas d’autres trucs qui font qu’à la fin, même le Destop y peut plus rien pour ton canal. Et en 1999, direction le placard.

Mais, comme le papet, il est à ça de calancher, bons princes, on le relâche en 2002. Faut croire que l’air sans barreau a du bon puisque Maurice attendra 2007 pour retourner poussière, à 97 carats. Entre temps il continuera de palper sa pension de haut fonctionnaire et sur sa boîte, on posera sa Légion d’Honneur. Même si elle lui avait été retirée. Taquin et rebelle jusqu’au fond d’la poubelle le MauMau.

Comme le chapitre Papon est déjà bien long et que faut quand même serrer méchant les ratiches pour pas expulser sa soupe aux vermicelles, on passera sur le Tchoi*. Ci-devant sinistre parmi les sinistres ministres de l’Intérieur, flic en chef donc. Et plus grand guillotineur de Fells de la Guerre d’Indépendance de l’Algérie, francisqué jusqu’à l’os et deux fois boss à la rose.

On ne parlera pas non plus de son frelot des temps de misère lavée à l’eau de Vichy. Brillantiné de près dans son manteau à col de loutre, le très estimé René. Bousquet. Et pas mousquet. Dommage, c’eut été une belle raillerie des temps, mais bon c’est B, c’est B. Tant pis. On s’gondolera quand on s’ra clamsé.

Bref, le B, il a quand même du pédigrée. Et du solide. Chef des cognes de son Maréchal-c’est-le-cœur-serré-que-je-vous-dis-qu’il-faut-cesser-la-baston-contre-les-Teutons, le gars avait le cœur sur la main et le rotchildé dans l’pif.

Du coup, lui aussi il a dit à sa rousse au mains d’or : « Ramassez moi tous ces crochuZs. Si, si… Les mômes avec. Faut pas qu’on lui r’tire ses veaux à la Marguerite. On est quand même des bons Chrétiens, bordel. Et vous m’envoyez tout ça à la douche après épouillage ».

Mais rien n’y fait. Le pardon a le pardon tenace. Quand ça veut pas, ça veut pas. Au moment qu’on lui disait : 
– « Heu, dis donc Néné, y sont où les Francaiszberg? ». Le gars, tire sur sa bout dorée et répond : 
– « Faites pas chier avec ça. J’ai quand même filé des fafs au Tchoi. Ha! ».

Bon, ben, là, c’est d’l’imparable. Tu l’as dans l’os, surtout qu’y a plus de masse de chair. Le gars sourie au parquet, et y rentre à la cambuse en tressautant comme un cabris sur un parterre poudré cendré par les restes de quelque 25000 évanouiZs dans les fumées zigheilées.

Y finira avec une dragée dans le coffre parce que t’as un tronche en biais qui lui en collera une. Ça c’est ce qu’on appelle du retour sur investissement, de la vengeance, pas de justice.

Alors, les bottéZscasquéZs, pourquoi qu’on cause de ces gaziers? Pour une raison à la con. Peu ou prou, les mecs devraient quand même avoir un peu les mains craspecs. Ils auraient au moins dû prendre une petite beigne, qu’on les tonde, qu’on les 12 balles dans le buffet… Enfin, j’sais pas. Un truc qui dit qu’on reconnait leurs mérites et qu’en conséquence, on les invite à s’adosser au poteau.

Que dalle. En revanche, pour tes frangins, tes frangines… Les ceusses qu’ont cueilli les étoilés au petit matin, à la tombée du page, et conduit les cars au Vel d’Hiv. Les ceusses qu’ont poussé dans la flotte les papas d’la racaille que tu chasses aujourd’hui chaque matin. Les ceusses qu’ont arraché les zarpions et giclé les quinquets des sans dents. Pour iels, c’étaient pas la même polka.

Quand les MauMau, Néné, Tchoi, Charles, HeyManu y z’ont commencé à dire : « Merde, on s’est fait griller. La schlague, ça daube. » Qu’est-ce qu’ils ont fait? Ils ont dit : « Oh, c’est pas moi. C’est ces nazes de poulailleZs qu’ont dépassé le borgne. Allez à la Santé. Ça leur f’ra les miches ».

En conclusion, tu fais ta vie mon poulet, ma poulette. Mais la prochaine fois que papajairienfait te demandera de dégonder la chenue qui préfère la vieillesse aux barres phosphorescentes, si y’a moyen, réfléchis à un truc.

Pour finir tes vieux jours, tu te rêves vraiment d’une villa de 9m2, à caguer devant le gazier ou la gonzesse qui va pas se lasser de te refaire la tuyauterie ? Si c’est pas ce loto qu’t’envisages, bein vois ce qu’tu réponds aux papajairienfait…

Parce que, hier comme aujoud’hui ou demain, si on veut, on peut. T’as même une nouvelle Internationale qui se chante : HeYManu rentre chez toi…

>>>> * Tchoi, à Marseille, diminutif de François.

À LIRE
Pour se souvenir (ou découvrir) que ManuRentreChezToi n’a pas attendu les Gilets Jaunes pour éborgner la piétaille…

Cent mille ans – Bure ou le scandale enfoui des déchets nucléaires
Roman graphique de Pierre Bonneau, Gaspard d’Allens, Cécile Guillard
La Revue Dessinée

Rapport sur les événements survenus à Bure et sur leur traitement judiciaire
BASTAMAG

La domination policière – Mathieu Rigouste
La Fabrique Éditions
>> CF : À VOIR

17 octobre 1961, La Bataille de Paris – Jean-Luc Einaudi
Éditions du Seuil

Paris 1961, les Algériens, la terrer d’État et la mémoire – Jim House & Neil MacMaster
Édition Folio Histoire

Massacre du 17 octobre 1961
Wikipédia
Une mine pour les sources en auteurZs, littérature, films, musiques…

ETC, ETC, ETC…

À VOIR
Dans la série « La case du Siècle » : La police de Vichy
Pour une 1ère approche des vies tragiques de Papon et Bousquet. Mais aussi pour que les petitZ pouletZ n’oublient pas, d’abord, que c’est toujours à iels qu’on demande de sentir le fagot et que même Honneur de la Police, groupe de RésistantZs, n’a pas sauvé leurs culs et qu’au moment où l’a fallu casquer, c’est leur peau qu’a servi de pochoirs à bastos. Aux MauMau, Néné, Tchoi… les fauteuils à molletons. Aux petites mains, les chaises électriques. C’est moins doux et plus expéditifs. Que veux-tu? ChacunZ sa classe…

Les deux émissions consacrées par l’historien Julien Théry sur la chaîne Le Média dans son émission « La grande H » au massacre du 17 octobre 1961.

> 17 octobre 1961 : La police française tue des Algériens, avec l’historien de l’immigration algérienne en France, Emmanuel Blanchard.

> Massacres policier de Paris – Octobre 1961 : Le combat pour la vérité avec l’historien Fabrice Riceputi, venu échanger autour de son livre : Ici, on noya les Algériens. La bataille de Jean-Luc Einaudi pour la reconnaissance du massacre policier et raciste du 17 octobre 1961.
Éditions Le Passager Clandestin

> L’épopée des Gueules Noires
Ou comment, la France de l’entre deux guerres aux années 80 s’est développée en faisant casser du charbon aux mineurs, Français, Polonais, Marocains. Et montrer comment, quand les actionnaires du cru ont fait plus d’oseille en plaçant leurs fifrelins en Chine qu’à Lens ou Saint-Étienne, ils ont plié boutique, filé les puits à ce voleur d’État Providence et que pour remercier les silicoséZs de siffler comme des alizés, on leur a envoyé la volaille tambouriner les miasmeux et gicler les mal françaiZs.

Juste comme ça, on a fait venir 300 000 polaks. Quand on a commencé à voir que ces montansky volaient le turbin des tricolores, on t’a foutu tout ça, Bibles, souvenirs et marmaille dans le train, fissa. En même temps, ça f’sait toujours des meubles à l’œil pour les autochtones.

Comprendre la domination policière, un entretien avec Mathieu Rigouste dans le cadre de l’émission OSAP de Julien Théry sur Le Média.